Par les temps qui courent, je m’intéresse au phénomène Facebook. Je me renseigne sur les diverses utilisations de ce site de réseautage ultra populaire. J’enquête sur le sujet et j’essaie de mieux comprendre l’idée que les gens s’en font.

J’en parle donc avec mon esthéticienne. Histoire de me changer les idées de ma séance de « dépoilage », je la branche Facebook…

J’apprends vite que Lyne ne veut rien savoir de la chose. Et ce n’est pourtant pas faute d’en entendre parler! En effet, il semblerait que la plupart de ses clientes soient sur le fameux réseau. Mais Lyne a peur. Facebook la stresse. Elle n’utilise son ordinateur que pour consulter ses courriels. Et encore, elle ne le fait que de manière occasionnelle! Elle n’est pas à l’aise avec Internet. La mi-trentaine, originaire de Sept-Îles, elle a déménagé dans le coin par amour. Elle m’explique que plusieurs de ses amis de Sept-Îles lui ont envoyé des invitations mais pour l’instant elle résiste. Je lui demande:

- Et bien, cela serait peut-être l’occasion d’avoir de leurs nouvelles s’ils te manquent. T’en as pas envie?

- Si, ça j’aimerai bien mais j’ai peur que cela me prenne trop de temps, si j’ai trop d’amis, je ne saurai pas comment gérer tout cela…

- Tu sais, tu peux te donner une limite de temps, genre une vingtaine de minutes deux ou trois fois par semaine pour en faire le tour. Dans le fond, c’est presque comme un coup de fil mais c’est pas mal plus pratique à caser dans un emploi du temps!

- Je sais pas, cela m’effraie un peu. En plus j’ai deux clientes qui viennent de vivre des choses pas le fun à cause de Facebook. L’une vient de se séparer et l’autre va bien mal.

- Ah bon? Mais pourquoi?

Elle me raconte alors l’histoire d’une femme dont le mari est sur Facebook. Ils sont ensemble depuis quelques années. Tout va très bien dans leur couple. Ils essaient même d’avoir un bébé. Mais, un jour, via son compte Facebook, l’homme reçoit une demande d’amitié provenant d’une ancienne flamme. Sans trop y réfléchir, il l’accepte dans son réseau.

Petit à petit, il se met à communiquer sur une base régulière avec cette ancienne petite amie. Elle est célibataire. Elle l’aime encore beaucoup. Plus il lui parle en ligne et plus son couple va mal. L’ancienne petite amie reprend place dans la vie de cet homme qui se sent tout à coup bien déstabilisé. Plus question pour lui de vouloir un bébé avec sa femme!

La cliente de Lyne se ronge les sangs et maudit Facebook qui a bouleversé sa vie tranquille. Mais elle n’est pas la seule! Une autre cliente a aussi vécu la même histoire. Son chum a retrouvé un ancien amour via Facebook. Quelques mois plus tard, il quittait femme et maison pour reprendre vie commune avec son ex. À entendre ces histoires tristes, Lyne n’a aucune envie de se frotter à la bête. Je me fais l’avocat du diable:

- Mais tu sais que tu peux choisir tes « amis »?T’es pas non plus obligée de faire rentrer ton ex dans ton réseau si ton couple va bien!D’ailleurs, il en va de ta responsabilité personnelle… Dans ce cas-ci, est-ce que ce n’est pas un peu la faute de l’homme? Après tout, si il ressentait encore des sentiments pour son ex, il ne fallait pas lui ouvrir la porte! Surtout si elle est célibataire… C’est un peu comme se jeter dans la gueule du loup! Pis tu sais pas, il aurait pu la rencontrer dans la rue! Enfin c’est sûr que Facebook rend la chose pas mal plus facile.

En rentrant chez moi, je réfléchis à tout cela. Je creuse le sujet davantage et je découvre vite que les séparations mettant en cause Facebook sont souvent liées au retour d’un ex dans le décor! Cela devient si courant qu’un nouveau terme apparait pour décrire ceux qui recyclent, par le biais du virtuel, un ancien amour au présent: ce sont des « rétrosexuels ».

Désormais, Facebook regroupe de plus en plus d’utilisateurs dans la trentaine, la quarantaine, la cinquantaine et même la soixantaine! Et soyons honnête, une fois que l’on a atterri sur Facebook, qui n’a jamais essayé de savoir si d’anciennes flammes s’y trouvaient aussi?

Les expériences « rétrosexuelles » qui se déroulent en ligne proviennent d’un puissant cocktail qui est composé de plusieurs ingrédients, un zeste de nostalgie, un soupçon d’intérêt et une bonne dose de curiosité.

Cependant, il ne faut pas oublier que contacter (ou se faire contacter par) un amour abandonné depuis plusieurs années et l’accepter en son réseau, c’est comme ouvrir une capsule temporelle. Ce que l’on y découvrira sera de nature émotionnelle. Prendre en compte son état sentimental avant d’accepter un tel retour du passé est une bonne façon pour se protéger de ce genre de problème.

Retrouver un(e) ex que l’on a perdu de vue procure généralement une grosse montée d’adrénaline. Savoir si il (elle) vous aime encore un peu est souvent irrésistible! Mais attention, ceci est à vos risques et périls! Car il arrive que ce genre de flammes brûlent quelques ailes nonchalantes…